Avec plus d’une heure et demie de « Safety Car », hors « Full Course Yellow » et « Slow Zone », cette 89ème édition des 24 Heures du Mans n’a pas été épargné par les incidents et faits de course, heureusement sans gravité. Les conditions météo et l’adhérence changeante de la piste ont soumis à rude épreuve les mécaniques et les organismes : sur les 61 voitures au départ, 44 seulement ont franchi la ligne d’arrivée. La nouvelle catégorie reine Hypercar, remplaçante des LMP1, a tenu toutes ses promesses. Toyota remporte une 4ème victoire consécutive en terre mancelle, malgré quelques problèmes de fiabilité pour les GR010. Alpine place son A480 sur la 3ème marche du podium. A noter l’excellente prestation de Scuderia Glickenhaus qui, pour une première participation au Mans, décroche le 4ème et 5ème rang avec son proto 007 malgré un problème récurrent de mise en température des pneus arrière !
Hypercar, doublé Toyota
Pour la première fois confrontée à une course de 24 heures, les Hypercars n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires affichant une fiabilité et une régularité impressionnantes. Après des premiers tours marqués par plusieurs incidents de course, les Toyota GR010 Hybrid n°7 et n°8 se sont peu à peu détachées en tête de la course. Intouchables tout au long de la nuit, les deux machines nippones se sont farouchement livré bataille pendant une grande partie de la course, se tenant en quelques secondes. Reléguées à plusieurs tours des flèches japonaises, Alpine et Glickenhaus ont bataillé une grande partie de la nuit pour tenter de monter sur la 3ème marche du podium. C’est la marque tricolore qui a fini par tirer son épingle du jeu, profitant des soucis mécaniques rencontrés par l’écurie américaine au lever du jour.
Après plusieurs échecs, l’équipage n°7 de Toyota – Mike Conway, Kamui Kobayashi et José María López – a remporté Le Mans pour la première fois. Les Champions du Monde sont partis en pole position (en 3’23’’900 !) et ont ensuite mené la majorité de la course, bouclant 371 tours. Les vainqueurs de l’année dernière, l’équipage n°8 – Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima et Brendon Hartley – terminent sur la deuxième marche du podium.
Pour ses débuts au Mans, la nouvelle GR010 Hybrid (lire ici) n’a pas été exempte de problèmes techniques mettant à mal sa fiabilité, système d’alimentation en carburant notamment, touchant les deux voitures. Avec quatre tours d’avance sur l’Alpine A480, troisième, et aucune perspective de réparation rapide, les pilotes ont dû activer un réglage spécifique à des points définis du circuit pour que les deux voitures puissent rallier l’arrivée tout en gardant la tête de la course.
Alpine, 3 et 6
Alpine décroche la 3ème au général avec l’A480 pour sa première participation en catégorie Hypercar : depuis sa victoire en LMP2 en 2016 avec l’A460 (lire ici), il aura fallu 6 ans pour arriver à ce résultat. Le numéro 36 de l’Alpine est il un signe du destin ? Dès le départ, Nicolas Lapierre passait en seconde position après le contact entre la Glickenhaus 007 n°708 et la Toyota GR010 n°8. Après un tête à queue à Indianapolis, le Français entamait ensuite une remontée depuis la dix-septième place en réintégrant le top dix en moins de deux boucles, puis le quinté de tête trois tours plus tard et revenir au 3ème rang après près de deux heures et demie de course.
Au début de la nuit, la dernière marche du podium devenait le théâtre d’un véritable bras de fer face à la Glickenhaus 007 n°708. Malgré quelques incidents sans gravité (crevaisons, excursions dans le bac à graviers, changement de feux arrière) pour l’Alpine A480 n°36, son équipage – Nicolas Lapierre, Negrão et Matthieu Vaxiviere – ont pu adapter leur stratégie (ravitaillements pneus et carburant) afin de maintenir la voiture en 3ème position, malgré les pièges de la nuit et même reprendre un tour de retard sur les leaders, à 3 heures de la fin.
- Toyota Gazoo Racing n°7 – CONWAY / KOBAYASHI / LÓPEZ
- Toyota Gazoo Racing n°8 – BUEMI / NAKAJIMA / HARTLEY
- Alpine Elf Matmut n°36 – NEGRÃO / LAPIERRE / VAXIVIERE
LMP2, il s’en est fallu de peu pour le Team WRT
Au sein d’une catégorie particulièrement relevée, WRT est passé par tous les sentiments sur la fin de course. Alors que l’écurie belge s’acheminait vers un doublé après avoir contrôlé l’ensemble de la course, la n°41 de Robert Kubica subissait un problème technique lors des dernières minutes, la contraignant à l’abandon. Devançant la n°28 de Jota emmenée par l’ancien pilote de Formule 1 Stoffel Vandoorne, WRT a résisté dans un dernier tour d’anthologie, s’offrant la victoire pour moins d’une seconde ! Panis Racing, toujours aux avants postes durant la course, profitait de ces évènements pour ravir une 3ème marche du podium bien méritée.
A noter l’élimination de l’équipage féminin n°1 du Richard Mille Racing, dans le premier tiers de la course, victime d’un violent accrochage, en deux temps, dont les conséquences auraient pu être dramatiques pour Sophia Floersch au volant. Plus de peur que de mal !
- Oreca 07 – Gibson n°31 Team WRT – FRIJNS / HABSBURG / MILESI
- Oreca 07 – Gibson n°28 Jota – ELAEL / VANDOORNE / BLOMQVIST
- Oreca 07 – Gibson n°65 Panis Racing – CANAL / STEVENS / ALLEN
LMGTE Pro et Am, doublé pour l’écurie d’Amato Ferrari
Amato Ferrari a imposé son expérience à ses concurrents et AF Corse repart du Mans avec deux victoires. Mais Corvette Racing n’a pas démérité, loin de là !
La catégorie LMGTE Pro offre régulièrement un spectacle extraordinaire en piste. Cette 89ème édition des 24 Heures du Mans n’a pas dérogé à la règle, avec un duel d’anthologie entre Ferrari et Corvette. La Ferrari 488 GTE Evo n°51 d’AF Corse et la Chevrolet Corvette C8.R n°63 de Corvette Racing ne sont séparées, après 24 heures de course, que par moins de 42 secondes ! Sous les yeux du président de Ferrari John Elkann, starter de cette édition 2021, le trio Pier Guidi, Calado et Ledogar a brillé. La firme italienne, qui reviendra au plus haut niveau de l’endurance en 2023 avec un programme Hypercar, a su résister au retour de Corvette, qui alignait pour la première fois sa C8.R au Mans. Porsche décroche la troisième marche du podium avec la 911 RSR n°92 (détruite aux essais !) après une belle lutte avec la voiture sœur n°91 mais sans jamais avoir été capable d’aller chercher les meilleurs.
- AF Corse n°51 – PIER GUIDI / CALADO / LEDOGAR
- Corvette Racing n°63 – GARCIA / TAYLOR / CATSBURG
- Porsche GT Team n°92 – ESTRE / JANI / CHRISTENSEN
En LM GTE Am, l’écurie, fondée par le Spirit of Le Mans 2020 devance, avec la Ferrari 488 GTE Evo n°83, l’Aston Martin Vantage AMR n°33 de TF Sport. Pour ses débuts au Mans, Callum Ilott termine sur la troisième marche du podium au volant de la Ferrari 488 GTE Evo n°80 d’Iron Lynx.
- AF Corse n°83 – PERRODO / NIELSEN / ROVERA
- TF Sport n°33 – KEATING / PEREIRA / FRAGA
- Iron Lynx n°80 – CRESSONI / MASTRONARDI / ILOTT
SRT41, première mondiale
Parmi les 61 équipages au départ de la 89e édition des 24 Heures du Mans, celui de l’Oreca 07-Gibson n°84 de SRT41 était composé de deux pilotes en situation de handicap. Frédéric Sausset, premier pilote quadri-amputé à avoir participé à la classique mancelle et l’avoir terminée, en 2016 (lire ici), et instigateur de ce projet, espérait voir sa voiture rallier l’arrivée pour adresser le message que rien n’est impossible : la mission est accomplie pour l’association. Bravo !
Sources CP ACO/24H du Mans, Toyota, Alpine