Avec la Tourbillon, la nouvelle Bugatti ne reprend pas le nom d’un pilote ayant courut pour la marque de Molshiem, comme Veyron ou Chiron. Il y a du changement dans l’air depuis 2021, avec Rimac Automobile au commande. Exit l’emblématique W16 quadri-turbos, voici venu le temps d’un groupe motopropulseur hybride rechargeable. Mais l’ADN reste identique : une automobile de tous les superlatifs, une finition et des performances hors normes et un tarif stratosphérique.
Mate Rimac l’affirme haut et fort : « Le plus facile aurait été de faire une Bugatti à partir de la Rimac Nevera. Faire une Bugatti, ce n’est pas choisir la facilité. » La complexité mécanique reste à l’ordre du jour, comme l’indique le nom de Tourbillon, faisant référence à la complication horlogère créée par Abraham-Louis Breguet, en 1801. L’électronique embarqué est au service de la mécanique et non l’inverse, comme le veut la mode actuelle initiée avec les véhicules électriques. Oui, la Bugatti Tourbillon privilégie les sensations comme ses devancières modernes : EB110 (lire ici), Veyron (lire ici) et Chiron (lire ici).
Inspirée de Chiron et Mistral
Esthétiquement, la Bugatti Tourbillon reprend les lignes des Chiron, Divo (lire ici) et Mistral (lire ici). Les designers ont pris pour inspiration les trois Bugatti les plus iconiques : Type 35, Type 57SC Atlantic et Type 41 Royale. La calandre en forme de fer à cheval s’élargit et s’aplatit encadrée par de larges prises d’air aux extrémités du bouclier avant. Les projecteurs sont affinés. Des écopes latérales sont soulignées par un jonc métallique en C vu sur les Veyron et Chiron ainsi que l’arête dorsale longitudinale qui parcourt le dessus de la carrosserie.
Inspirée de Gordon Murray Automotive et Aston Martin
Afin de réduire les émissions de CO2 de 517 à 250 gr/km, le W16 quadri-turbos de 8.0L cède sa place à un nouveau moteur conçu par Cosworth. Bugatti s’est tourné vers le spécialiste anglais, comme auparavant Gordon Murray Automotive pour les T.50 (lire ici) et T.33 (lire ici), ainsi qu’Aston Martin pour la Valkyrie (lire ici). Ce V16 atmosphérique à 90° de 8.3L développe un puissance de 1 000 ch/735 kW à 9000 tr/min et 900 Nm de couple. Construit avec des matériaux légers, il pèse à lui seul 252 kg soit beaucoup moins que les 400 kg annoncés pour le W16. Il est associé à une nouvelle boîte à double embrayage à huit rapports.
En complément (ou disons, support), il faut ajouter les 800 ch cumulés fournis par trois blocs électriques de 250 kW/340 ch chacun, conçus par Rimac (lire ici) : deux sont disposés à l’avant (3 000 Nm de couple à 24 000 tr/min) et le dernier à l’arrière (240 Nm à 24 000 tr/min). Transmission aux quatre roues et fonction torque vectoring assure un mode intégral. L’ensemble développe une puissance cumulées de 1 800 ch, soit 200 ch de plus que la Chiron Super Sport (lire ici). Bugatti n’a pas officiellement communiqué à ce jour la valeur du couple cumulé qui serait de 2 360 Nm soit 760 Nm de plus (!) que le W16 (1 600 Nm).
La partie hybride est alimenté par une batterie élément structurel du châssis, en forme de T (dans le tunnel centrale et derrière les occupants), d’une capacité de 24,8 kWh sous une tension de 800 V. Installée sous l’habitacle, elle est refroidie par huile. Bugatti annonce une autonomie en 100 % électrique de 60 km. Ses cellules sont optimisées pour des décharges rapides/ultra-rapides. Elle sont fournies par « un spécialiste de la F1 … » (Williams Advanced Engineering ?), le système de gestion étant signé Rimac, qui en est spécialiste.
Dans sa quête de maîtrise du poids, le châssis est construit autour d’une nouvelle structure monocoque composite à base de fibre de carbone T800 de nouvelle génération, également utilisé pour la carrosserie. Pour la suspension, la double triangulation en acier de la Chiron est abandonnée au profit d’une architecture multibras en aluminium forgé sur la Tourbillon. Les jantes de 20” à l’avant, 21” à l’arrière sont chaussées de pneus spécifiques Michelin Pilot Sport Cup 2. Les freins carbone/céramique sont actionnés électriquement. Pour la Tourbillon, Bugatti annonce un poids inférieur à 2T, 1 995 kg (DIN) précisément.
En terme de performances, la Tourbillon est plus véloce qu’une Chiron Pur Sport, le plus rapide des Chiron : 0 à 100 km/h en 2 sec (-0,3), 0 à 200 km/h en 5 sec (-0,5), 0 à 300 km/h en 10 sec (-2,4 s), 0 à 300 km/h en 25 sec (-7,6 sec), VMax 445 km/h (+5 km/h).
Inspirée de Pagani, Koeniggseg… et le Citroën C4 Picasso
L’habitacle marque également une réelle avancée, se voulant plus moderne et affichant cette volonté de légèreté. Ainsi, l’instrumentation analogique, très inspirée de l’horlogerie (d’où le nom Tourbillon), a été conçus par des horlogers suisses. Des compteurs à aiguilles à fond transparent indiquent vitesse, régime moteur, température d’eau et d’huile, niveau de carburant et de charge, mais aussi puissance thermique et électrique. 600 pièces de titane, rubis, saphir, cristal de Bohème composent ce combiné qui pèse 700 gr. Un petit écran placé sous le compte-tours affiche la vitesse pour une lisibilité plus aisée. Cet ensemble est fixé sur le moyeu du volant, la jante à méplats tourne via des fixation en arrière… comme dans un Citroën C4 Picasso !
L’intérieur est du même acabits : sièges baquets fixés au sol, pédalier à réglage électrique, console centrale aérienne presque à la verticale en aluminium et cristal feuilleté, démarrage moteur via un petit levier en titane. Un écran tactile s’anime sur commande depuis le sommet de la planche de bord (2 secondes au format portrait ou 5 secondes en position paysage). Il centralise l’infotainement, la caméra de recul, les connectivités Apple CarPlay/Android Auto, les informations relatives au véhicule, etc. Pagani ou Koenigsegg n’auraient pas fait mieux !
La Tourbillon, produite en 250 ex. dans l’Atelier Bugatti de Molsheim en Alsace, sera vendu à partir de 3,8 millions d’euros net. Livraisons prévues en 2026.
Source et credit photos CP Bugatti
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